L'art d'user et abuser du pouvoir

Invité

*Il est trop humain, un regard plein de volonté et une condescendance pathétique, celle qui vous inspire une envie irremediable de tuer pour rien, faire une victime de plus sur l’autel de la stupidité. *

Mikomi reste stoïque face à cet homme arriviste et non dénué d’ambitions, le nouveau chef d’Oto qui ose évoquer le nom « Orochimaru » pour le salir, en faire un Kage qui a provoqué la chute du village. Son corps poisseux siège sur l’ancien trône du serpent, il toise de haut la jeune femme en pensant parler avec une habitante qui se plaint des conditions de vie actuelles. Tout laisse à désirer, sa façon de diriger, son manque de puissance, sa rigueur nullissime en ce qui concerne la sécurité. En fin de compte, il n’est qu’un de ces hommes que le pouvoir excite grandement, une chose qu’il pensait pouvoir tenir dans le creux de ses mains sans se brûler. Mikomi baisse les yeux, elle caresse tendrement ses longs cheveux noirs, son sourire est faussement sincère, de l’hypocrisie qui englobe ses paroles :

• Qu’est ce que l’on va devenir dans le village yashin'-sama ? La vie est si difficile, mes parents sont morts, les gens autour de moi souffrent en silence. Tout le monde veut croire en votre puissance, comment allez-vous redresser la situation ?

• Le temps cicatrisera les blessures jeune fille, mes hommes sont en train de quémander l’aide des autres villages ninjas, c’est l’heure pour Oto de faire ses excuses, de se tourner vers des ambitions plus louables.

• Mais tout le monde, ces chiens de Konoha ou Suna, ils voudront connaître tout de notre destruction, ils vont venir et marcher sur nos terres ancestrales, souiller le sol de nos ancêtres !

Ses yeux observent un point invisible dans la salle du trône , un pseudo chef du village qui n’est même pas capable de faire face à une jeune fille , il voudrait bien se cacher, déléguer la tache, il regrette amèrement sa décision de prendre le pouvoir et souiller le travail d’Orochimaru . Le serpent qui se love contre l’âme de la belle, il guide ses gestes et ses mots. Des paroles qui touchent au but, une identité qui se dévoile :

• Votre faiblesse est trop grande ? Vous ne parvenez pas à égaler seigneur Orochimaru dans ses fonctions ? En fin de compte, vous semblez n’être qu’un chef quelconque qui manque de crédibilité.

• Le serpent était cruel, il manquait de réalisme. Ce chien ne voulait que nous exploiter, nous utiliser afin d’accomplir ses objectifs pervers.

• Le cœur d’un habitant d’Oto n’était comblé que sous les ordres du serpent, ils trouvaient ainsi une raison d’agir dans leur misérable existence. La richesse du village se trouve dans le cœur des hommes, seul Oto comporte des ninjas qui sont prêts à se dépasser, abandonner leur faiblesse humaine pour des objectifs louables, un homme d’exception.

Les masques tombent, la main droite de Mikomi caresse son visage candide alors que yashin' extériorise une peur somme toute normale. Les lambeaux de peau tombent au sol, les yeux de la belle s’effacent pour laisser une place plus importante au serpent d’Oto. C’est désormais Orochimaru qui fait face à cet homme qui se presse de descendre de son trône, qui s’agenouille aux pieds du kage éternel d’un village qui n’ose conspirer contre lui sans se cacher. La main fine du Sannin vient effleurer les cheveux gras de celui qui tremble comme une feuille, il est prêt à entendre la sentence inéluctable qui plane sur sa piètre condition :

• Relève toi yashin' , tout le monde peut faire une erreur au cours de son existence, cela prouve que tu n’es qu’un homme en fin de compte , tu n’es pas fait pour le pouvoir et j’ose espérer que tu t’en souviendras

• Vous….vous ne m’en voulez- pas Orochimaru-Sama ? Il…fa…fallait bien que quelqu’un prenne le village, tout le monde pensait que vous étiez mort, j’ai pris…cette décision.

• L’humain ne prend pas de décision, il porte son fardeau et s’affaisse, il vit sous le joug de sa fatalité.

La main se glisse vers le cou de yashin’, elle l’étrangle tendrement tout en le tirant vers les yeux du serpent. Orochimaru sourit à n’en plus finir, il aime plus que tout savoir que le faible tient dans ses mains, qu’il peut le manipuler à sa guise selon son bon plaisir. Les mots se veulent résolument lourds de signification, le futur du village se joue dans ces quelques minutes, un temps que le serpent blanc peut aisément assujettir sans mal :

• Tu sais très bien que le pouvoir ne pouvait que pervertir ton âme, un cœur qui brûle et finit en quelques cendres insignifiantes. Néanmoins, l’envie était trop forte, il te fallait à tout prix assouvir cette demande de plaisir barbare. Je vais te donner les moyens de jouer, relever un peu ta dignité chancelante.

Les yeux de yashin' ne bougent plus, son corps n’offre aucune résistance alors même que son crâne se voit pénétrer par la main droite d’Orochimaru. Il se faufile, il cherche et marque, un bruit sourd qui précède le retour de sa main désormais visqueuse. Le crâne de la victime ce cicatrise de suite, elle tombe au sol sans plus attendre. Le serpent peut désormais retourner auprès de sa belle, Mikomi fait volte face et quitte la pièce, il ne reste plus que ces mots, un curieux son attirant, surement pas les dernières paroles d’Orochimaru dans son village d’Oto :

« Ton cerveau est désormais marqué de mon sceau, nous allons relever le village ensemble. Tes actions, tes paroles ne t’appartiennent plus, c’est le prix à payer pour caresser le pouvoir de près. Sacrifier sa liberté et son âme, finalement tu es intéressant. »

Puis le silence, une atmosphère oppressante pendant de nombreuses minutes, elle imprégne les lieux marqués par un passé glorieux, quelques destructions récentes. Le corps qui gisait face au trône se relève, yashin' peut maintenant opérer sa renaissance sous le contrôle du réel maître des lieux, le serpent Orochimaru. Puis les cris, une alerte qui ne peut être qu’humaine, une sensation qui devrait agiter le cœur de cet homme, un regard vide face à ce ninja quelconque qui vient de rentrer dans la salle :

• yashin'-sama, yashin', vous allez- bien ? une femme vient de quitter la salle en s’attaquant aux gardes, ils sont morts et nous peinons à trouver sa trace, nous attendons vos instructions.

• Vous pouvez la laisser partir, il y a des choses plus urgentes à faire. Oto doit revenir l’arme qu’elle était. Juste une puissance, des hommes à envoyer sur le front.

• yashin'-sama, vous disiez pourtant qu’il fallait…

• C’était le passé, nous devons nous tourner vers l’avenir, le tenir dans nos mains. Les villages shinobis doivent devenir des charniers, reconnaître notre puissance, c’est l’heure de changer les choses.

Il ne fait désormais plus aucun doute, les ruines d’Oto vont se relever, le village va renaître et s’évertuer à mourir pour le maître incontesté, un serpent blanc qui a mieux à faire mais consolide son emprise en manipulant cet homme au pouvoir.

» Prise du pouvoir