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| Sujet: Re: >_> ... Mer 03 Fév 2010, 17:51 | |
| Chapitre I : La transformation. Oui, Lestat aspirait chaque parcelle de ma mortalité. Je sentais son extase, la partageait avec lui. Je quittais ce monde en désirant découvrir le suivant, j'avais un grand avantage sur tout ceux qui, en cet instant, s'apprêtaient à mourir ... Je partais en sachant que quelque chose m'attendait après. La souffrance s'évanouit, un moment. La notion même de la douleur m'était alors complètement inconnue. Il n'y avait plus que Lestat, moi et ce processus qui allait s'engager. Cette route vers l'immortalité, à jamais. Comment en aurait-il pu être autrement ? J'avais trouvé un être qui partageait mes tourments, qui avait vécu pis encore. Et il voulait me garder avec lui. J'avais résisté au début, avais refusé. Mais c'était trop fort, trop puissant pour que je manque une occasion pareille. Non, désormais je ne ferai plus profil bas, j'aurais ce dont je rêvais, Lestat me l'avait promit."Cela risque d'être ... Déplaisant mon amour."Déplaisait n'était pas le mot que j'aurais employé. Soudainement, je sentais mon corps dépérir ... Toutes les substances que j'avais ingéré ces dernières années quittaient mon système. Mon esprit, il brûlait, je sentais que mes pensées divaguaient. Haine, peine et amour s'enchaînaient à une vitesse insoupçonnable, provoquant en moi une intolérable torture. Plus que la souffrance physique, j'allais être consciente de mon trépas. Je l'avais accepté, choisit, mais elle était si dure et froide ... Insondable douleur que de se sentir lentement ôté de sa vie. Je tombais dans les bras de Lestat, à la limite de la mort. Mais cela n'était pas terminé, loin de là. J'étais presque vide, pâle comme un cadavre ... C'était le moment crucial, celui où tout allait se jouer. J'allais enfin avoir ma chance, après tant d'années passées à attendre que quelqu'un ne vienne me sauver, il avait fallu que ce soit un vampire qui le fasse ?"Oh mon aimée, bois et bois encore."Lestat avait prononcé ces mots d'une voix si profonde ... Il porta alors son poignet dénudé à mes lèvres. Je le saisis faiblement et m'efforçais d'y mordre. Ce goût ... Volupté, passion ... Bien plus de sensation que je n'ai de mot. Oui, c'était des centaines de fois supérieur à la drogue. Incomparable au sexe. Cela le dépassait, bien plus que l'imaginable. Une telle jouissance que tout vos sens explosent ! Que tout autour de vous n'existe plus. Non, plus rien n'est là, à part ... Le sang. Oui, le sang qui vous enivre, , vous propulse dans une dimension insoupçonnée. C'était tout cela, c'était rien. La vie, la mort. La mort. Je lâchais enfin le bras de l'immortel, j'en avais assez. Vieux réflexe de junkie probablement ; s'arrêter avant l'overdose. Je me redressais enfin, passant mes mains autour de sa nuque. Je n'osais pas encore ouvrir les yeux, de peur de découvrir quelque chose. Lestat m'étreignait lui aussi. Nous étions à présent deux vampire, j'étais sa fille et son amante, il m'avait créé pour que nous nous aimions pour l'éternité, si difficile soit-elle."Ouvre les yeux, June."J'obéis. Je cru alors renaître. Mes yeux, il voyez des choses si ... Tout cela était si différent de tout ce que j'avais vécu alors ! Je ressentais chaque parcelle de cette pièce, je la vivais. Non ... J'étais morte. C'était ... Spécial. JE ne saurais décrire l'état secondaire dans lequel j'étais alors plongée."Lestat c'est si ... _ Nouveau n'est-ce pas ? Dit-il en m'embrassant. Et bien attend de voir la suite mon amour."Dans mes rêves les plus extravagants, j'avais imaginé que les vampires n'étaient que des monstres sanguinaires, insensibles à la beauté. Je m'étais trompée lourdement. Tout autour de moi était magnifique, même les cadavres des rats semblaient fait de porcelaines, grouillant d'une forme de vie minuscule. A chaque seconde qui passait, je m'émerveillais de tout. Je me demandais alors comment j'avais fait pour être à ce point aveugle, durant toutes ces années qui avaient précédées ma transformation ... Je n'avais rien vu en réalité. Tout me semblait fait d'or et de diamant. Lestat était le joyau le plus étincelant de tous. Son visage, bien que couvert de crasse, restait le plus beau que je n'avais jamais eu l'occasion de voir. Éthéré, parfait, ineffable."Oh est Lestat mon amour ... Tu es si ... Diabolique. _ Plus encore que tu ne l'imagines."Je savais que nous ne pourrions sortir qu'à la nuit tombée, je mourrais d'envie de le faire ... Je voulais voir le monde, de mon nouveau regard. Je voulais découvrir, connaître mes nouveaux pouvoirs."Je sens en toi une puissance démentielle ... Qu'étais-tu avant que je te morde ? _ J'aimerais pouvoir te répondre ... Je ressens des choses, j'en vois énormément ... Je peux contribuer à la guérison d'une blessure ... Les objets volent et explosent autour de moi, je ne sais pas ce que je suis. _ Tu étais une sorcière."Sorcière ? Non, j'étais spéciale, ça oui, mais je n'étais pas une jeteuse de sort. Et quand bien même ce fut le cas, maintenant que Lestat m'avait mordu, je n'étais plus qu'un vampire. Ou peut-être que ... Peut-être qu'il était possible que j'eu conservé quelque chose ? Délaissant l'immortel des yeux quelques secondes, je les fermais. Je respirais profondément. Laissant mes bras ballant le long de mon corps. Je concentrais alors toute mon attention sur les pierres qui jonchaient le sol. Je m'efforçais de ressentir les vibrations qui devaient en émaner."Que fais tu mon amour ?" Les blocs frémirent. "Je vérifie quelque chose Lestat."Un grondement sourd raisonnait dans la cave. Les pierres, qui, quelques secondes auparavant, étaient parfaitement immobiles, lévitèrent quelque peu. Les yeux toujours clos, je m'efforçais de maintenir ma concentration à son paroxysme. Elles arrivèrent au niveau de ma taille. Je me sentais comme en transe, fascinée par mes pouvoirs. Je perdais doucement le contrôle, me laissant aller à de nouvelles découvertes. Ce furent bientôt les rats qui suivirent, puis quelques vestiges de mobiliers. Les murs tremblèrent, menaçant d'emporter tout l'immeuble avec eux. Je repris soudainement conscience et relâchais mon attention. Lestat avait les yeux ronds, l'air surpris. Je venais sans doute de faire quelque chose de ... Mal ? Ainsi, même chez les démons il y avait des codes à respecter ? Je baissais la tête, honteuse."Ne sois pas honteuse mon amour, tu m'as seulement prit de cours. lâcha t-il dans un souffle. Tu es réellement exceptionnelle. _ Ainsi ... Je reste ... Sorcière, ce mot avait encore du mal à passer, tout en étant vampire ? C'est étrange. _ Etrange ? Mais bien sur ! Nous sommes morts et pourtant nous parlons, nous rions ... N'est-ce pas sensationnel ?"Si, ça l'était. Malgré ma mort toute récente, je me sentais plus vivante que jamais. Je n'avais plus conscience du temps. D'ailleurs, à quoi bon savoir l'heure lorsqu'on a l'éternité devant nous ? Je passais de nouveau mon bas autour du cou de Lestat, j'avais enfin trouvé. Oui, j'avais trouvé cet être, si mauvais fut-il. Je m'attendais à tout de sa part, à la pire des trahisons, s'il m'avait laissé sur la seconde, cela ne m'aurait pas surprise, c'était Lestat voyons. Toutes ces sensations, tout ces souvenirs qui m'emplissaient alors l'esprit, c'était les siens. J'apprenais à le connaitre à travers le sang que nous partagions tout les deux. Je me postais sur la pointe des pieds et mordais à nouveau. Cette exatse ... Boire le sang d'un immortel vieux de plus de deux cent ans était réellement grisant. Je me sentais traversée par l'immortalité, par tout ce qu'elle allait m'apporter."Nous allons sortir d'ici quelques minutes. Laissons le temps au soleil de se terrer derrière l'horizon. _ La nuit est-elle aussi belle que le jour ? _ Elle est différente."J'hochais la tête en silence. Je me doutais que le soleil me manquerait, mais j'avais mon propre astre désormais, je n'avais nul besoin de la lumière. Je ne parvenais toujours pas à réaliser que j'étais morte, un vampire. Mon âme, si tant est que j'en ai eu une un jour, était-elle toujours à sa place ? Et mes vieilles addictions ? Existaient-elles encore ? Un millier de question brûlaient mes lèvres ensanglantées. J'étais impatience de tout demander à Lestat, mais nous avions tout notre temps et je ne voulais pas entacher ce moment d'interminables réflexions. Là, la nuit. Lestat m'entrainait dans les escalier à une vitesse ahurissante. Nous volions presque. Brûtalement, nous nous retrouvâmes à l'extérieur. Encore une fois c'était magnifique. L'éclat opalin de la lune projetait nos ombres d'immortels sur le sol, leur donnant des proportions gigantesques. Deux silhouettes noires, qui s'enlaçaient, qui jouissaient d'un monde qui était le leur. Oui, tout ce qui s'étalait ici était à nous, car nous étions forts, car nous étions deux. Un couple alors assoiffé, désireux de s'abreuver. Prédateurs nocturnes n'ayant que l'embarras du choix pour se nourrir. Tout la ville pouvait être notre festin, si nous le désirions. Félins dangereux, mortels, nous pouvions être aussi discrets qu'un souffle et vous prendre la vie. Tout m'apparaissait clairement, je comprenais alors ce en quoi cette non-existence pouvait me permettre de ... Vivre ? Je me tournais vers Lestat, les yeux embués de larmes vermeilles. Jamais je n'aurais su comment lui exprimer mon amour. Peut-être cela viendrait-il avec les années ? Ce n'était pas le temps qui me manquait :"As tu soif mon amour ?"Oui, j'avais soif. Mais je n'étais pas pressée de vider quelqu'un de son sang. Y'avait-il des règles à respecter ? Une manière quelconque de procéder. J'avais encore tant de chose à apprendre ! Je ne voulais pas faire de faux pas. Je voulais que cette nuit soit parfaite. Lestat, j'avais encore tant à recevoir de lui. J'essuyais mes lèvres d'un revers de la main. Je posais les yeux sur la gorge de l'immortel et pris enfin la peine de parler :"Comment dois-je faire ? Je veux apprendre. _ Hum ... encore une fois, mon attitude semblait le surprendre. Tu dois simplement cesser de boire avant que le coeur ne cesse de battre, ou tu mourras. _ C'est tout ? _ Oui. Mais pourquoi cette question ? Pourquoi n'es tu pas impatiente de boire ? _ Je le suis. Je veux simplement que nous prenions le temps. Après tout, n'est-ce pas là l'atout des vampires ? Le temps ?"Je lui souris avant de me dégager de son étreinte pour m'élancer dans les dernières lueurs du crépuscule. Je me sentais différente. Plus forte. Lestat restait interdit, me regardant tournoyer sous la lune naissante. A ses yeux j'aurais du être assoiffée de sang, incapable de me contrôler, au lieu de ça, j'étais sereine, calme. Je ne dévoilais aucune hate à prendre la vie. Alors Lestat vint me rejoindre et, comme il avait du le faire si souvent, passa ses bras autour de ma taille. Nous marchâmes alors tout les deux, ainsi, déambulant dans les rues à peine éteintes. Nous étions au dessus de tout. Rien n'avait plus d'importance que sa présence à mes cotés. Je savais que viendrait le moment ou tout cela allait se briser, ou j'allais devoir mordre. Oui, Lestat et moi allions nous abandonner aux plaisirs malins du sang. Mais je ne redoutais pas cet instant, il était inéluctable. Je désirais simplement que cela fut beau, inoubliable. "Tu es extraordinaire, June._ Non, et tu le sais bien. Tu l'as dis toi même, je suis la plus humaine des vampires. _ C'est ce qui fait de toi un être extraordinaire. Tu étais déjà plus qu'une simple mortelle, tu étais bien plus. Et maintenant tu es l'immortelle qui dépasse mes espoirs les plus fous."L'esquisse d'un sourire, un éclaire de joie. Je me sentais plus moi même que je ne l'avais jamais été. Je lâchais de nouveau la main de Lestat et m'élançais dans une ruelle sombre. Je connaissais cette ville, mais j'avais la très nette impression de la redécouvrir. Tout était différent, jusqu'aux ordures qui jonchaient les trottoirs. Aucun être humain ne venait troubler mon renouveau. Je n'étais pas tiraillée par la soif. J'aurais voulu hurler de joie, crier à la face du monde que j'avais enfin trouvé, mais j'avais le pressentiment que mon bonheur aurait pu le crever les tympans. Lestat me rejoignit, et arrêta ma danse folle. Quelque chose, quelqu'un venait d'apparaître. Une odeur familière. Celle du sang bien sur, mais au dessus flottait une sensation de déjà vu. Comme si cette personne qui s'offrait à moi ne m'était pas inconnue. De mes yeux de vampire, je cru déceler une silhouette féminine. Oui, je la connaissais, mais qui était-ce ? Je me rapprochais d'elle, trop intriguée. La lumière blafarde des réverbères n'éclairait pas assez. Mais cette femme, oui elle, je la connaissais. Comment ? Où ? Il fallait que je m'en approche plus, que je distingue les contours de son visage, clairement. Que je découvre qui elle était. Qui que ce fut, il fallait que je la vois. Plus que quelques pas, un mètre, peut être deux, et je pourrais voir. Je tremblais. Quelque chose en moi me criait que cette rencontre allait être l'aboutissement de ma transformation. Je tendis les bras devant moi, comme pour toucher cette ombre qui se dessinait non loin. J'y étais presque :"Bouh Gabrielle."Gabrielle, l'amour de ma vie mortelle. Une femme que, bien qu'elle ne m'ai jamais comprise, j'avais aimé. Forte, intelligente ... Belle. Ainsi vu par ma nouvelle existence, elle me paraissait encore plus magnifique. Ses longs cheveux bouclés qui cascadaient librement sur ses épaules, enserrant son visage de mèches auburn, cette peau si pâle, qui semblait luire sous cette lumière opaline, cette profondeur dans son regard ... Toute cette femme, cette personne ... Il fallait que ce soit-elle que je rencontre ? Je m'approchais encore, Gabrielle, oh Gabrielle ... Que faisait-elle ici ? Pourquoi était-elle au bas des HLM à la nuit tombée ? Oh pourquoi était-ce elle ? J'avais l'infinie sentiment que c'était elle ma première victime. Quelque chose en moi me disait que cette interminable liste devait commencer par elle."Que fais-tu ici Gabrielle ? _ Je te cherchais June, comme à chaque fois que tu disparais sans prévenir. _ Ah oui, c'est vrais."Oui, Gabrielle me cherchait tout les jours. Elle savait où me trouver, car elle me connaissait assez, peu certes, mais assez. Je lui souris tristement. Savait-elle ce qui allait se passer ? Savait-elle que sa vie allait s'arrêter ? J'en doutais. Mais aussi abjecte que cela puisse paraître, il fallait que je la tue. Je m'approchais assez pour sentir sa respiration. Douce et profonde mélodie. "Tu es belle."J'avais si souvent rêvé de lui dire. J'avais si souvent rêvé de lui dire tant de chose ... Mais les mots, les paroles, avaient-ils plus d'importance que les actes ? Je ne parvenais plus à parler. Je n'en avais plus besoin. Mes yeux d'émeraude se plongèrent dans les siens, nous nous perdîmes dans cette abîme. Je savais quoi faire. Sur la pointe des pieds, je déposais un baiser sur ses lèvres. Je glissais le long de sa gorge et y plantais mes crocs. Alors je su qu'elle m'aimait. Je mesurais dans son sang tout l'étendue de ses sentiments. Ses souvenirs, ses pensées devinrent miennes. Le nombre incalculable de fois ou elle m'avait regardé sans oser dire quoi que ce soit."Je t'aimais June. _ Je t'aimerai toujours Gabrielle, j'ai trouvé le chemin. _ Alors je suis heureuse. Mais qu'es-tu ? _ Un vampire, un monstre, je t'aime."J'aspirais les dernières gouttes de sa vie et la laissais retomber dans mes bras. Son coeur, son coeur que j'avais tant convoité, allait s'arrêter de battre d'ici quelques secondes. Lorsqu'elle mourrait, je déposerai sa silhouette endormie à jamais sur le carré de pelouse, au bas de ce lampadaire. Et je m'en irai, sans jamais cesser de penser à elle. Oui, elle avait été la dernière étape de ma transformation. Elle cessa de respirer et ferma les yeux. Quelques minutes plus tard, je me retournais vers Lestat. Il était toujours au même endroit, me regardant avec tristesse. Je m'avançais vers lui, les bras tendus. Nous nous prîmes dans nos bras, durant ... Je ne saurais dire combien de temps nous restâmes ainsi. Je ne ressentais pas d'amertumes, ni même de regrets. Si ce n'était celui de n'avoir rien dit à Gabrielle avant qu'elle ne meurt. Mais c'était fait, j'avais tué Gabrielle."Tu es parfaite June. _ Je l'aimais Lestat, je t'aime et je l'aime."Oui, je les aimais, et ils étaient morts tout les deux. Nous étions tous mort. Et c'était la vie que j'avais attendu, c'était dans la mort que j'attendrai. Tout ça, tout était voué à mourir un jour. Mais je l'étais déjà, Lestat également. Nous étions deux non mort qui avions l'éternité pour supporter.
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